Les droits de la femme étaient au cœur des débats, 12 mars matin au palais du peuple au cours du forum organisé conjointement par le Ministère de la Femme et de la Famille (MFF) et l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes (UNFD). Une soixantaine de participants, en majorité de femmes issues des rangs de différents ministères, des élus locaux, des conseillers régionaux, des porte-voix d’associations féminines de la capitale et des régions de l’intérieur ont pris part à l’événement.
La secrétaire générale du MFF, Yasmine Salem Saïd, a présidé hier matin au palais du peuple un forum-débat sur les droits de la femme. L’évènement a vu la participation du président de la commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Saleban Omar Oudine, de la coordinatrice de la Cellule d’Ecoute, d’Information et d’Orientation (CEIO) de l’UNFD, Saharla Hassan Ali, de la représentante de l’OIM à Djibouti, Lalini Veerassamy, du 3ième préfet adjoint de Dikhil, Hadji Fouad Abokor, et d’une soixantaine de participants.
Fatouma Ouattara, qui représentait l’UNHCR, la directrice du département genre du MFF, Choukri Houssein Djibah entourée de plusieurs de ses collaboratrices, ont eux aussi participé à ce forum-débat. Lequel dans le cadre d’un projet soutenu financièrement par l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM) et le FNUAP.
Après la récitation de quelques versets du Saint Coran, le président de la commission nationale des droits de l’homme, Saleban Omar Oudine, a rappelé que notre pays était le seul pays arabe à avoir ratifié sans réserve en décembre 1998, la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). «Le gouvernement de Djibouti a présenté le rapport initial, le deuxième et le troisième rapport au comité international en charge de cette convention», a-t-il déclaré.
Il a rappel que en juillet 2011, lors de la présentation du rapport le comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes s’est réjoui des avancées effectuées par la République de Djibouti en la matière. Telles que :
Le code de la famille (2002), qui fixe l’âge minimum du mariage à 18 ans pour les femmes et les hommes. Ce code améliore la situation économique des femmes dans les mariages polygames, abolit l’usage de la répudiation, et il pénalise le refus de la part d’un mari divorcé de payer une pension alimentaire «abandon de famille»;
La modification en 2009 de l’article 333 du code pénal (qui considère les mutilations génitales féminines comme un crime) afin de définir de pareilles mutilations et de pénaliser leur non-signalement, et celle de l’article 7 du code de procédure pénale afin d’assouplir les conditions auxquelles les organisations de défense des droits des femmes doivent se plier pour saisir un tribunal au sujet de cas de mutilations génitales féminines;
La loi sur la traite des êtres humains (2007), qui considère comme un crime de perpétrer ou de faciliter la traite d’êtres humains et prévoit d’aider les victimes. Cette loi a été réactualisée en 2016 par la loi n° 133.
La loi sur le système d’enseignement (2000) qui institue l’enseignement gratuit et obligatoire pour les filles et les garçons âgés de 6 à 16 ans.
Le code du travail (2006) qui prévoit, entre autres, 14 semaines de congés payés de maternité et trois jours de congés parentaux payés pour les pères.
L’égalité des salaires entre les femmes et les hommes, ce qui n’est pas le cas même de certains pays développés.
L’intégration de la femme dans les sphères de décisions politiques (ministre, député).
Le comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a noté aussi avec satisfaction la création en 2008 du ministère de la promotion de la femme, du bien-être familial et des affaires sociales, qui a été renommé depuis ministère de la femme et de la famille, l’adoption de la stratégie nationale d’intégration des femmes dans le développement (2003-2010) et son plan d’action, qui visent à renforcer la participation des femmes à la vie politique et économique, à améliorer la santé des mères et des enfants, enfin à favoriser l’accès des femmes et des filles à l’éducation et à l’alphabétisation».
Il a indiqué en outre que malgré la nouvelle stratégie 2011-2021 et le plan d’actions adopté depuis, les mutilations génitales féminines restent encore pratiquées dans les zones rurales. «Ces cas de mutilations ne sont généralement pas signalés et ne donnent lieu ni à des sanctions, ni à des poursuites. Surtout quand on sait que ces mutilations entraînent souvent des complications obstétriques, des césariennes, des saignements excessifs, des accouchements prolongés et des décès maternels», a martelé avec insistance M. Saleban Omar Oudine.
A l’entendre, il faut que toutes les bonnes volontés mènent ensemble une campagne de sensibilisation auprès des populations rurales et surtout des préfets, des agents de police, des okals pour qu’ils dénoncent et traduisent les auteurs et leurs complices devant la justice. Le fait de s’abstenir de signaler ces crimes est intolérable. «Car, il s’agit de crime et il faut le décrire ainsi», a-t-il conclu sous les applaudissements nourris de son auditoire.
C’était ensuite au tour de la secrétaire générale du Ministère de la Femme et de la Famille de prendre la parole. Mme Yasmine Salem Saïd a indiqué que les discussions seront axées sur les acquis et les avancées des femmes dans les domaines économiques, politiques, sociales et institutionnelles. «Nous nous attèlerons à combler les lacunes et les vides juridiques touchant spécialement les femmes et nous trouverons des solutions pérennes», a-t-elle affirmé en substance.
Rappelons que cet évènement s’inscrit dans le cadre de la journée internationale de la femme.
Après les débats et les discussions, les participants du forum- débat ont été appelés à formuler des recommandations susceptibles d’améliorer la condition féminine sous les cieux djiboutiens.